Truelle

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L'outil emblématique du maçon, la truelle.

Une truelle est un instrument semblable à une petite pelle effilée ou une large spatule, a priori sans rebord, un outil manuel polyvalent typique du maçon et de plâtrier, de l'archéologue et du jardinier, du peintre décorateur ou stucateur, ou encore du paveur d'allée ou du bricoleur constructeur.

Se maniant d'une main, elle est composée d'ordinaire d'une lame mince et plate, en forme de triangle, de trapèze, ou grossièrement rectangulaire ou carrée, le plus souvent en matériau plus ou moins flexible (métal, fer, acier, inox, acier spéciaux, voir plastique(s), caoutchouc ou bois) et d'un manche coudé ou recourbé se terminant par une poignée en bois ou en plastique. En général, le manche métallique est inséré dans la poignée et y est fixé à l'aide d'une virole.

Origine du mot et lexique[modifier | modifier le code]

Le mot correspondant au latin médiéval trulla est attesté en ancien français sous la forme trieule en 1285, puis truele en 1328[1].

Le mot bas latin de genre féminin s'écrit trǔella, il s'agirait d'une probable reformation sur un diminutif de trǔa. Notez que le latin classique reste trūlla,ae désignant à la fois une petite écumoire (trǔa), une espèce de poêle, une truelle de maçon, une cuvette ou vase de nuit selon le dictionnaire Gaffiot, qui s'étend probablement à la latinité médiévale. On ne connaît pas de forme trūella en latin. Le mot dialectal wallon se prononce "trouelle".

Le verbe construire, attesté en ancien français du XIIIe siècle, dérive du verbe transitif en latin classique, constrǔo, construxi, constructum, construěre, qui signifie en premier lieu "entasser par couches (avec ordre), ranger", puis "bâtir, édifier"[2]. Il semble exister un rapport ancien entre la truelle et l'art de la construction. La truelle et le niveau, associées à la franc-maçonnerie du XVIIIe siècle restent aussi des symboles de la fin du travail maçon. Toutefois la truelle apparaît toujours seule dans le rite français à la fin de la cérémonie d'initiation au grade de compagnon.

Le dictionnaire universel d'Antoine Furetière, paru en 1690, mentionne une définition classique largement reprise : "instrument de maçon, de couvreur, de paveur, qui sert à gascher le plastre, ou le mortier, & le ciment, à les employer, & à en faire des enduits". Le lexicographe poursuit : "C'est une lame de fer triangulaire, qui a une poignée par où on la manie. L'équipage d'un maçon est son marteau, son auge, & sa truelle. Une truelle brettée est celle qui a des dents". "Jouer de la truelle" signifie à cette époque exceller dans l'art de bâtir.

Une truellée est une quantité, parfois normée, que peut porter une truelle. Le verbe trueller signifie peindre à pleine pâte, par couches épaisses. Le truellage est le travail exécuté à la truelle, mais aussi parfois la penture déposée en épais empâtements. La truellisation, selon le dictionnaire des techniques et des métiers édité par Peyroux en 1985, est un travail spécifique réalisé à la truelle d'un enduit ou d'un crépi afin de servir de décoration.

Types[modifier | modifier le code]

On distingue dans le bâtiment deux types de truelles, formées généralement d'une lame d'acier et d'un manche recourbée :

  • la truelle de maçon qui présente un bout arrondi permet de projeter le mortier, voir le ciment ou béton encore malléable, et de rejointoyer les parements.
  • la truelle de plâtrier qui offre un bout carré ou anguleux afin de pouvoir récupérer le plâtre dans les angles des auges, lui permet de gâcher ou mettre en place le plâtre frais.

Il existe d'autres instruments à manche pour des usages spéciaux, c'est-à-dire des truelles dévoilant d'autres formes ou tailles :

  • la truelle à brique grande et large, de forme rectangulaire, qui est aussi une truelle de maçon poseur de briques.
  • la truelle pointue ou truelle de finition
  • la truelle à plâtre ou truelle de finition pour appliquer et lisser le plâtre, le stuc et autres matériaux de finition.
  • la truelle brettée ou brettelée, également nommée truelle dentée ou crantée, présente des rebords dentés. Il peut s'agir soit d'une lame à plaque de fer mince, à bord lisse et dentelée, soit d'une lame dont l'un des côtés est taillé en dents carrées ou en lame de scie et l'autre lisse et tranchant ; de forme souvent rectangulaire, elle permet le grattage de surface et le lissage de l'enduit, tout en nettoyant la surface à préparer.
  • la langue de chat est une petite truelle fine qui sert à réaliser les finitions ;
  • le fer à joint désigne une truelle fine qui sert à réaliser les joints de mortier entre les briques.
  • la truelle à marge
  • la truelle de jaugeage ou truelle à godet
  • la truelle à lisser

Utilisation[modifier | modifier le code]

Maçon maniant une truelle
Truelle à lisser.

La truelle du maçon sert à prendre le mortier dans une auge ou sur une taloche, car le mortier ne doit jamais être en contact direct avec la peau de la main : il est abrasif et la chaux qui le constitue est corrosive. La truelle sert donc également à protéger la main du maçon.

Elle sert au façonnage des mortiers : petit gâchage, projection ou gobetis, application, lissage...

Le tranchant de la lame sert à racler le mortier, le plâtre ou le béton superflu.

La pointe terminale sert à excaver le mortier encore frais joignant des moellons ou des parpaings en vue d'un travail ultérieur.

L'extrémité du manche sert à percuter des matériaux de petites tailles comme de petits moellons ou des briquettes, afin de les caler dans le lit de mortier, la massette étant dans certains cas trop lourde.

Autres liens[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

  • Truelle brettelée

Références[modifier | modifier le code]

  1. TLFi entrée truelle.
  2. TLF i entrée construire. Le premier sens figuré n'est attesté qu'en 1466, le sens géométrique en 1690.

= Liens externes[modifier | modifier le code]

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